KIM0 IS MAISON MUSIC

Kim, d’où viens-tu ? Quelles sont tes origines, et pourquoi avoir choisi ce nom de scène ? Je suis curieux d’en savoir plus sur tes racines et sur l’histoire derrière "Kim0".

Hello Maison Music, je suis née et j’ai grandi dans le 91 mais ma mère est vietnamienne et mon père indien et vietnamien. Le nom kIM0 vient juste de mes amies d’enfance qui m’appelaient baby kimo (avant même de connaître baby keem ahah) et j’en ai fait mon nom de scène.

J’ai toujours été passionnée de musique - surtout de films, jeux vidéos et animés et dans la culture vietnamienne, il y a une culture du karaoké qui anime toutes les fêtes de famille. Mes goûts sont super éclectiques parce qu’on écoutait autant du Madonna que du Queen à la maison puis au lycée, j’étais bercée à la scène rap tous les jours avant de découvrir la techno et ses mille variantes en club à la fac.

kIM0 c’est le mélange de toutes ces influences et de nombreuses heures à faire des playlists dans ma chambre, imaginer des b.o pour des films ou des esthétiques qui m'obsédait.


Beaucoup de personnes commencent à te connaître sur la scène parisienne. Tu fais également partie d’un collectif appelé les Noizey Kids. Peux-tu nous en dire plus sur ce collectif et ton rôle en son sein ? Comment vois-tu ton implication dans ce groupe ?

Depuis novembre 2024, Noizey Kids réunit quatre membres dont Noema, Virgile et Bryan qui, en plus d’être mes amis, sont des DJs qui m’inspirent par leur style que je trouve unique et sans limite. À chaque fois que je les voyais jouer, je m’identifiais immédiatement dans leurs différentes influences et leur personnalité. Le collectif est donc à notre image : juste des grands enfants qui veulent danser et explorer les genres musicaux sans qu’on nous range dans une case ou qu’on nous dise quoi faire.

Parfois, on peut se sentir un peu seul quand on est artiste ou DJ mais avec Noizey Kids, le goût de créer et de réussir ensemble est encore meilleur.

On se partage les rôles parce qu’on est tous créatifs et débrouillards mais j’ai un faible pour travailler notre D.A visuelle parce que je passe la majorité de mon temps dans mon imaginaire et ici, ça me sert enfin!

 

Quelle est ta vision artistique en tant qu’artiste indépendant·e, en dehors du collectif  Comment ton univers personnel se démarque-t-il de celui des Noizey Kids ?

Noizey Kids, c’est la fête, la liberté d’être nous-même en soirée et la célébration de nos cultures musicales.

L’univers de kIM0 me permet plutôt de partager ce qui se passe dans ma tête, esthétiquement et musicalement : j’imagine mes mix pour plonger l’auditeur dans un monde fictif et même si je joue de la jungle, du rap ou de l’ambient dans un même set, pour moi tous les titres que je choisis ont la même énergie. Je danse rarement sur mes sets mais par contre, je les écoute pour rêver dans le métro ou m’imaginer des scénarios.


Y a-t-il un disque qui t’a marqué·e à l’adolescence, au point que tu y reviens encore aujourd’hui ? Un album ou un morceau qui a changé ta perception de la musique ?

MATANGI de M.I.A ! C’est une artiste britannique d’origine tamoule du Sri-Lanka qui mêle électronique et rap en incluant toujours des samples ou des instruments de sa culture. C’est avec Bad Girls, que ce soit le clip ou la musique, que je me suis sentie enfin comprise. J’avais envie de créer de la même manière, sans limite et en restant fidèle à soi-même et ainsi faire ressentir à d’autres personnes ce que l’univers de M.I.A me fait ressentir.

Si tu avais une journée entièrement libre, que ferais-tu ? Comment occuperais-tu ce temps ?

Si j’avais une journée entièrement libre, je pense que j’irai au cinéma d’abord parce que ça me donne l’impression de me couper du monde et de ressortir de la salle dans la peau du personnage principal du film ! Puis j’irai prendre un café avec le mandem - mon groupe de copines, pour discuter et rêver de tout ce qu’on aimerait accomplir ensemble. Je tire principalement ma motivation de mes amies qui ont été les premières à croire en moi et qui m’inspirent par leur créativité et l’amour qu’elles me portent. Et je finirais ma journée en prenant le métro, à écouter des remix bizarres sur soundcloud pour finalement mixer chez moi, la tête remplie d’idées grâce à cette journée.


Il y a quelques semaines, tu es passé·e chez Rinse pour la résidence de la talentueuse "Shay by schai", également DJ. C’était ta plus grosse émission radio. Quelle différence ressens-tu entre une performance en studio, comme celle-ci, et la scène où tu joues devant un public ?

Quand tu joues devant un public, c’est intense parce que tu captes l’énergie des autres et tu t’adaptes tout en restant toi-même. Je ressens beaucoup d’adrénaline en mixant en club et je pourrais y rester des heures. Mais je pense que je préfère mixer en radio ou tout simplement chez moi parce que c’est juste toi et les platines. Tu prends le temps de créer une histoire, de jouer des morceaux qui ne fonctionnent pas en club mais qui prennent sens dans un set radio. C’est une manière plus intime de partager ma musique à mes yeux.


Penses-tu que les gens sont réceptifs à ton genre musical ? La musique que tu joues a récemment gagné en popularité grâce à des artistes comme PinkPantheress. Quelle est ta perspective à ce sujet ?

Quand j’ai commencé à jouer en public, je recevais parfois des dm de meufs qui me disaient qu’elles s’étaient trop amusées avec leurs amies pendant mon set. Et c’est là que j’ai compris que c’était pour elles que je mixais : des filles qui me ressemblent et qui veulent juste écouter en club ce qu’elles écoutent dans leur chambre.

Pinkpantheress a réussi à s’approprier les codes du breakcore pour en faire quelque chose qui lui ressemble et on s’est toutes identifiées à sa musique et son esthétisme. Moi, particulièrement parce que j’ai toujours eu un faible pour la culture britannique avec les séries Skins ou Misfits, des artistes comme Skepta ou Nia Archives qui, encore une fois, mêlent avec brio les genres avec la grime et la jungle.

Et même si ces styles sont moins ancrés culturellement en France, cela plait parce qu’ils permettent à des artistes ou des auditeurs aux origines et influences multiples comme moi de s’exprimer sans limite et de s'identifier enfin.


Tu te considères comme quelqu’un de timide ? Si oui, comment cela se manifeste-t-il dans ton travail ?

Dans la vie, je suis un peu pudique par mon éducation mais pas timide et justement j’adore écouter les gens parler de leurs passions et me nourrir de ces échanges. Dans la musique, je le suis un peu plus parce que mes sets c’est une partie de mon imagination et c’est toujours intimidant de voir des gens danser ou écouter ce que t’as créé avec tes émotions et tes propres expériences.

 

Maison Music te fait penser à quoi ? Qu’est-ce que ce collectif évoque pour toi, en tant qu’artiste ?

Pour moi, Maison Music c’est la passion de la musique et l’amour du partage. C’est un collectif qui comprend ton univers et te pousse à être encore plus toi-même. Qu’on suive ou non, Maison Music ne se donne aucune limite pour créer et partager avec le coeur. Et c’est ça qui fait leur force.

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